Le Falcam en Short #1

Parfois j’écris des nouvelles pour des appels à textes, parfois pour des concours, parfois pour rien du tout. Parfois encore je retrouve de vieux textes publiés sur des sites disparus. C’est le cas de ce texte présenté aujourd’hui, publié il y a presque dix ans (ça ne nous rajeunit pas) sur un webzine mort et enterré, Trois Petits Points. Ils exigeaient des textes de moins de 6000 signes. J’aime bien le concept de Micronouvelles, à vrai dire. Une page, une punchline, une connerie.
Vous pouvez retrouver, outre le texte ci-dessous, une version pdf et une version odt.

C’est très vieux, alors forcément, c’est pas ultra smooth en terme de style.

Tout ceci est CC-BY-NC.

En d’autres termes, faites-en ce que vous voulez, sauf le vendre.

L’apocalypse du petit matin.

Au début, ils avaient tous pensé être tombé au fond des enfers. L’endroit était affreux, sombre, semblait infini et monotone, baignant dans les vapeurs toxiques et la plus grande âpreté d’air qu’on pouvait imaginer. Pas un coin à fonder une civilisation, ça non. Un vilain tour des dieux, puisqu’ils les avaient enfermé pour de bon dans cette grotte empuantie.

La plupart des gens de la première génération moururent sans pouvoir s’adapter à cet exil abominable. Ils moururent sur le sol moussu en poussant des cris d’agonie empoisonnée, ils se perdirent dans les méandres monotones de cet immense monde clos, ou simplement périrent par la faim et la soif, incapable de déceler les gisements de vivres qu’avaient laissé, en nombre pourtant non négligeable, les anciens occupants.

Mais pour les rares survivants, l’enfer se changea peu à peu en foyer d’accueil, puis en véritable patrie. Cela prit longtemps, pour que leurs organismes évoluent et s’adaptent à la dure réalité de leur existence. Il leur fallut apprendre à survivre aux vapeurs, à l’obscurité et aux attaques des monstres aveugles qui erraient en nuage compacts dans divers endroit du pays. Néanmoins, ils évoluèrent et apprirent à maîtriser leur environnement. Ils découvrirent peu à peu que des rivières de liquides variés zébraient les bords de leur univers. Il y avait de l’eau, bien sûr, mais aussi des lacs jaunes et d’autres bruns, qui leur apportaient tous des nutriments variés et qui, surmontés le goût répugnant de ce qui les composait, renforçaient leurs organismes.

Au bout de quelques générations, les chasseurs nomades se firent éleveurs et cultivateurs. Malgré le manque de lumière et l’étrange spongiosité du sol, ils purent maîtriser la culture de nombreuses variétés de champignons et finirent par dompter les nuages de monstres aveugles. Ils leurs servaient de viande, de monture et d’animaux de trait. Le temps passait, et finalement ils devinrent totalement maîtres de leur espace. Ils bâtirent des routes, des citadelles, et organisèrent des régimes modernes où tous avaient leur place. Ils développèrent des moyens de communication hors norme, et pouvaient se parler d’un bout à l’autre du monde. Leurs sciences leurs permirent même de capter les premiers signaux émis par un monde qui semblait voisin du leurs. Peut-être n’étaient-ils pas la seule forme d’intelligence de l’Univers ?

Lundi matin, Adalbert rangea sa chambre, et retrouva derrière la machine à laver une vieille paire de chaussette qui devait traîner la depuis la dernière mort de pape. Révulsé par l’odeur de moisi, il les projeta dans la machine à laver adjacente et tout fut terminé.

Samuel Lévêque

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ODT

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