Putes, Coke et Stéroïdes : Frankenhooker

La France des années 90 était indubitablement cool. Tam-Tam, Minitel, Dragon Ball et Eurodance. Personne ne pouvait tester un tel truc. C’était indubitablement le pinacle de la civilisation française. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que le reste du monde était plongé dans une grave crise de valeur, surtout notre bon ami américain qui n’avait pas encore eu le bon goût de se choisir Beyoncé comme Première Dame, mais c’est normal, elle était encore dans les TLC ou les Atomic Kitten (je crois, je ne suis pas très bonne avec la R’n’B).

Le début des années 90, mes amis, c’était Bush qui succédait à Reagan, la criminalité rampante, le crack, le Prince de Bel-Air et Notre Belle Famille. Le nadir abyssal du pays de l’Oncle Sam. Témoins de l’âge apocalyptique que le pays traversait : RoboCop, Judge Dread et le film Super Mario. Pas étonnant que tout cela se soit fini par six saison en trop de Friends et un avion dans les deux tours.

Cette partie de l’exposé étant bel et bien bouclée et 100% incontestable, nous pouvons maintenant en venir au fait : le film dont nous allons parler aujourd’hui porte en lui l’ADN violent et tourmenté de cette période sinistre de l’Histoire U.S, sans pour autant négliger ses origines littéraires qui nous viennent des bas-fonds de l’Angleterre Victorienne.

Nous allons parler de Frankenhooker (Frankenpute, pour ceux qui auraient l’inculture de ne pas causer anglais), film injustement oublié d’un Frank Henenlotter lui aussi tout à fait injustement oublié (malgré des chef d’œuvre comme Bad Biology ou Basket Case 3 au compteur)

Chaude, sexy, et suturée pour votre plaisir.

Très vaguement (et je suis laxe) inspiré du roman de Mary Shelley, Frankenhooker nous plonge dans le New-Jersey* de la fin des années 80. Jeffrey Franken, un jeune savant fou à mulette qui fait pousser des cerveaux avec des yeux dans des bocaux (curieusement, ce fait ne sera pas du tout réutilisé passé l’incipit du film) , perd sa petite amie, la blonde et pulpeuse Elizabeth Shelley, dans un accident de tondeuse à gazon. Découpée en milliers de petits morceaux, l’imprudente laisse un fiancé éploré, bien décidé à passer les quelques mois suivants à marmonner dans sa chambre-laboratoire en dessinant des vecteurs sur des plans.

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« Version Uncut »

 

Oui, parce que faut vous prévenir : Jeffrey marmonne. Tout le temps, sur toute la péloche. Renforçant le côté instable du personnage, ce fait est aussi une source permanente de parasitage sonore un peu étrange, parfois désagréable.

Bref, Jreffrey Marmonne en traçant des plans étranges. Quand le spectateur médusé le voit dîner avec la tête empaillée et découpée de Lizzy, il comprend rapidement les tenants et les aboutissants spectaculaires du métrage : Jeff va descendre en ville pour aller décapiter une fille quelconque avant qu’arrive cette fameuse tempête du siècle que des journaux télé très très cheap annoncent dans sa petite télé cathodique. Et tant qu’à faire, parce qu’on est dans du cinoche de haute volée, Jeff va aller recruter chez les putes.

2
Si vous vous demandez comment les gens des années 90 pouvaient se trouver attirant et faire des bébés en ressemblant à ça, la réponse est simple : ils étaient en 4:3 et en basse définition.

La ville, c’est New-York (« juste de l’autre côté du pont »), crasseuse, pleine de néons indiquant « sex », aux rues remplies de pimp, de crack, et de figurant piochés dans l’asile du coin et habillés avec la collection printemps/été des 3 Suisses 1988. On est pas là pour faire dans la subtilité, même Frank Miller, c’est de la dentelle, à côté. Mais on est en train de regarder Frankenhooker, pas Nobody Knows, alors arrêtez de pinailler.

Dans ses valises, Jeff a apporté du « Super Crack » raffiné dans des bocaux qui font des bulles, ce qui laisse à penser que les auteurs de Breaking Bad ne sont pas à l’abri d’un procès pour plagiat. Le Super Crack, ça va servir à tuer les putes que Jeff va recruter au coin d’une rue pour en faire un splendide patchwork afin d’y poser la tête aimée.

4
Oui, il y a des femmes à poil, oui, il y a une scène d’orgie lesbo-multiethnique, et non, vous n’avez pas envie de voir ça.

 

Après diverses péripéties impliquant beaucoup de nichons en plastique, il s’avère que :

  1. Le Super Crack fait littéralement exploser les prostituées (heureusement transformées en mannequin en mousse avant l’explosion)
  2. Zorro, le pimp stéroïdé et moustachu du coin, est pas très content d’avoir vu ses meilleurs grlz réduites en confettis.
3
« Les expérimentations du Docteur Putenstein »

 

Sa bagnole pleine de bouts de putes, Jeff commence son assemblage monstrueux et y balance les mille milliards de gigowats nécessaire au retour de l’être aimé, qui redescend du toit en vie, avec les cheveux violets (non, sans raison particulière), et avec les neurones grillés.

La créature monstrueuse commence à errer dans New-York en hurlant des phrases de putes des années 90, et, pour faire simple, fait littéralement exploser les clients monstrueux qu’elle tronche à la va-vite dans les poubelles. Jeffrey, à ses trousses et après une brève et incompréhensible incartade avec un touriste allemand**, va réussir à ramener la créature à la maison. Entre temps, cette dernière aura eu beau jeu de se faire repérer par le fameux Zorro sous stéroïdes.

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GOT ANY MONI ? WANNA DATE ?

La scène finale du film implique trop d’éléments qu’il serait dommage de spoiler, alors parlons simplement d’organes agglomérés rampant hors du formol, de grande tirade sur l’universalité de l’amour pendant une opération à tête ouverte, et de fusion sexuelle dans les égouts qu’on peut déconseiller aux heures habituelle des repas.

A ce stade de la lecture, vous l’aurez compris : comme le laisse sous-entendre son titre, Frankenhooker est définitivement placé sur l’autel du bon goût. Fleuron de l’analyse de mœurs socio-économico-sexuelle américaine comme peuvent l’être Il était une fois en Amérique, Virgin Suicide ou Pimp My Ride, ce film est à projeter, des trois ans, dans toutes les maternelles, pour que Jean-François Coppé nous livre illico presto une fiche technique et un avis mesuré qui ne manquera pas de relancer les ventes d’un long métrage qui, malgré ses qualités absolument insondables, n’aura rapporté que 200 000$ de recette pour 2,5M de budget. Ce qui explique peut-être qu’on ait pas beaucoup revu Frank Henenlooter pendant les deux décennies suivantes. Et pendant ce temps, Mickael Bay court toujours. Y’a pas de justice.

6
On pourrait faire des paragraphes entiers sur la capacité des figurants à lutter contre des moulages en plastique, mais ça serait déflorer tout le sel du film.

* Pour les incultes, le New-Jersey est l’Etat voisin de la ville de New-York sujet de blagues belges de la part de ces derniers qui jalousent les loyers pas chers, les arbres et la tranquillité que leur métropole ne leur offre pas

** A noter aussi une scène ou des touristes japonais prennent des tas de photos de putes en souriant bêtement et en faisant des courbettes devant un grand panneau « Fujifilm ». Pour les plus jeunes, à l’époque, les japonais n’étaient pas aussi trendy que maintenant, et Fujifilm était une marque de… Ho, laissez tombez vous pouvez pas comprendre.

That’s Cunning : Grimaces, Fouilles Rectales et Explosions de Magie Scientifique.

C’est bon ? La gauche est passée ? On peut recommencer à parler de films qu’on a pas payé mais que pour sûr avec la riposte graduée on aurait acheté à 79€ sur TF1 Vision quand ils l’auront mis en ligne en 2061 ?

Bien. Je le dis et je l’assume bien fort : je crois bien que That’s Cunning.avi était la copie de sauvegarde d’un fichier que je n’ai jamais eu. En même temps, je ne suis pas persuadé qu’il faut aider certains ayants droit à persister dans l’erreur.

Ta gueule moutte.

Alors, pour évacuer assez brièvement le contexte du film, ça date de 1996, quasiment comme le groupe de rap, et le principal intérêt du machin était de réunir le mec de TOKIO et Namie Amuro. Pour ceux qui ont la flemme de cliquer, et tout, disons que c’est comme si Shy’m et Christophe Mae étaient réunis à l’écran, et pour l’anecdote, Namie Amuro n’a plus jamais rejoué dans aucun film après celui-ci, et pourtant elle était loin d’être la plus mauvaise du casting. Atroce quand même, mais pas la pire.

That’s Cunning, c’est le croisement absolument improbable d’une comédie de type Max Pecas avec une comédie scolaire japonaise et une touche de La colline aux coquelicots. En gros, dans une fac de chimie quelconque, une bande de tricheurs essayent de faire virer un prof sadique et pervers qui veut raser leur dortoir. Au programme : de l’homo-érotisme, des explosions de tubes à essai et des blagues à base de disquettes et de lasers, avec un jeu d’acteur tout en retenue.

Le méchant, dont la capacité à froncer les sourcils dépasse l’entendement.

Ne nous attardons pas sur les méandres du scenario, tellement convenu qu’il semble avoir été écrit par la ligue internationale du manque de rebondissement, et disons le tout net, ce qui fait de That’s Cunning un film absolument mémorable, c’est avant tout son incroyable galerie de mauvais acteurs. Namie Amuro, comme je le disais, n’est pas la pire, mais elle se contente la plupart du temps d’être plantée comme une grue et de sourire bêtement. Dommage qu’en 1996, la chirurgie plastique ne soit pas encore passé par là, disons le tout net, Namie Amuro avait de base le charisme d’une huître morte. A ses côtés, on a donc un héros issu d’un boys band avec systématiquement son pantalon remonté jusqu’au dessus du nombril avec la chemise enfoncée dedans : c’était ça être beau en 1996 (soirée disco, tout ça).

LA PERPLEXITER
安室奈美恵
Pour info : Namie Amuro après 15 ans de bistouri. Different sort of no want. Amusant : à comparer avec la tronche qu’elle avait au début des années 2000, seule moment de sa vie ou, ni boutonneuse ni refaite à mort, elle a été jolie.
Un pote du héros dont la passion est de se muscler, puis de se montrer nu. C’est drolatique.
Les héros sont gratinés, mais les utilités ne manquent pas de piquant.
Le vieux cabotin qui tient le dortoir Sigma, acteur en roue libre absolue extrêmement impressionnant dans sa capacité à faire absolument n’importe quoi.
SAPERLIPOPETTE

Le second point à relever dans That’s Cunning, outre ce côté « les charlots font la Physique-Chimie » C’est l’incroyable manque d’ambition des gags. L’almanach Vermot et les Blagues Carambar unis dans la douleur vous présentent leur rejeton handicapé. Ici, tout est prétexte à la blague pas drôle, essentiellement à base de « LOL TOUT FAIT PENSER A DU SEXE ». Un prof se penche en avant : un plan de dix secondes sur lui en train de baver sur les jambes d’une fille. Un scientifique regarde un ruban de Möbius : mdrrr c’est la même forme qu’un soutif. Le même scientifique forme des lettres avec des cheerleaders (c’est compliqué) : haha, on voit leurs jupes. Sinon, on a droit à une bonne dose bien gratinée de scientifique fous, d’explosions de tubes à essai et de gags basés sur la tricherie aux examens, j’y reviens dans un instant. Le tout baigne dans une atmosphère assez malsaine à force de cheap et de blagues dont on sent qu’elles ont été bricolées sur un coin de table deux secondes avant le tournage.

DES OS QUI BOUGENT TOUT SEUL ! HAHAHA ! A noter que les deux-trois occurences de scènes impliquant de la voyance et des éléments fantastiques ne sont pas du tout exploitées dans l’intrigue, bien que présentée de manière ultra importante au début. C’est pas grave, hein, ça sent juste le truc qu’ils ont oublié de réutiliser.
Vous aviez l’impression que ce plan ne pouvait exister que dans une mauvaise BD. A noter que la scène suivante les dépeint tout nus en train de se battre dans l’eau du bain dont vient de sortir Namie Amuro pour boire sa sueur et son « lait de vierge » pendant que le vieux crie « LAVEZ VOUS LE CUL ».
Au gag « le jetpack décolle et explose » succède bien évidemment le gag du mec couvert de plâtres des pieds à la tête (et qui peut planquer une caméra dans ses bandages, hohoho).
Comment des blagues basées sur du GHB pourraient-elles ne pas être drôle ?

Dans le même ordre d’idée, on retiendra au crédit du film les scènes de triche aux exams de chimie, supposées être le coeur du film. Absolument rien n’est épargné au spectateur : antisèches dans les dreadlocks, codées en nano-caractères dans du vernis à ongles, envoyées sur des ballons collés aux fenêtres, écrites sur le dos et les fesses d’un culturiste, sujets d’exams transmis par une caméra intégrée dans un plâtre… Les personnages se font transmettre les réponses aux questions par des oreillettes très bruyantes et très voyantes, à tel point qu’on finit par se demander si les surveillants sont handicapés mentaux ou simplement aveugles. De plus, absolument TOUTES les techniques de triche du film sont beaucoup plus difficiles à mettre en place que ne serait difficile l’apprentissage des cours pour avoir les examens les doigts dans le nez (tous les sujets semblent comporter deux ou trois questions au max…)

REFOUS AU MOINS TES CHEVEUX PAR DESSUS !
Loucher sur un costume où sont écrite en illusion d’optique les formules de l’examen. Si j’étais les gens qui ont fait That’s Cunning, je ferais le procès du siècle pour plagiat à Prison Break.
La triche aux exams pour les nuls.

Avant d’aborder le dernier point fort, le petit plus qui fait de That’s cunning un grand nanar de choix, signalons quand même que, l’argent n’ayant pas d’odeur, le film bénéficie de quelques placements de produits assez énormes, dont divers plans fixes de plusieurs secondes sur des écrans Sony, ou encore Bande originale d’un quelconque jeu Battletech de plusieurs dizaines de secondes, avec un plan du méchant en train d’y jouer pendant des plombes (dont 5 secondes de gros plan sur le jeu).

Sans doute Mechwarriors 2 ? Si un spécialiste veut corriger….

Bon. C’est très bien tout ça, mais ou est le petit plus ? Tu avais dit qu’il y aurait un petit plus, Robotnik. Le petit plus de That’s Cunning, c’est sa présentation absolument ringarde et cliché du monde de la science.
A chaque instant, une éprouvette fume remplie d’un liquide fluo. Partout, des scientifiques ébouriffés, des hackers jonglant entre quatre écrans, des jetpacks bricolés avec trois boulons et un bout de scotch, des formules absolument délirantes écrites partout et dans n’importe quel ordre, un fusil laser à disquettes pour écrire des formules sur les murs.
Et puis, pour être parfaitement ringard, il faut des explosions. Or, dans la science de That’s Cunning, TOUT EXPLOSE. La chimie consiste littéralement à mettre des liquides les uns dans les autres pour tout faire péter. Et bien sûr, on confie les solutions les plus dangereuses à des étudiants de première année. Et on laisse ça traîner sur le rebord des tables. TOUT DOIT EXPLOSER. TOUT DOIT ETRE FLUO, FAIRE DE LA FUMEE, FAIRE DES LASERS ! LES ORDINATEURS FONT DES BIP BIP A CHAQUE FOIS QU’ON APPUIE SUR LE CLAVIER. PUTAIN OUAIS.

L’acteur qui joue le vieux scientifique joue particulièrement mal, surtout quand on lui fait tirer la langue (REFERENCE SUBTILE)
Le hacking : des fenêtres qui apparaissent à toute vitesse sur fond de sphères rouges qui tournent.
ATOM III, l’avenir de la science en collaboration avec le cuistot du coin.
LA SCIENCE CA EXPLOSE, PUTAIN OUAIS
Un bon liquide chimique fume, est fluo, et explose à la fin.
Mon préféré : le fusil laser à disquettes 3.5″ pour écrire en direct sur les murs.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur That’s Cunning, qui ne manque pas de petits détails croustillants (diverses blagues sur le caca, scène « érotiques » à base de secrétaire salopes et de grimaces de scientifiques puceaux, apparition d’un varan auquel un des personnages roule des pelles, faux raccords, incohérences et erreurs de montage en folie…). Le côté effroyablement décousu de la réalisation, qui ne souhaitait manifestement qu’enchaîner les gags sans le moindre souci d’en faire un ensemble cohérent rend That’s Cunning quand même un poil long, mais en se permettant quelques avances rapides sur l’histoire d’amour entre Namie Amuro et le mec de Tokio, qui sont sans doute les moment les plus inintéressants du film (mais soyons justes, il y en a vraiment très peu). Par contre, il faut quand même savoir être un chouilla réceptif aux nanars japonais pour passer un bon moment devant ce machin.

Parce que bon, quand même, c’est pas très bien.

Dans une coquille de noix.

Comment nommer ton organisation secrète pour avoir des subventions et des disciples. 2/3

Joli cadre ! C’est le moment de continuer l’article d’hier, si tu veux bien. Si tu veux pas, je m’en fiche, Internet est un tuyau neutre. Donc, comment nommer ton organisation secrète ?

H comme Hêta

Ce que cela dit de vous : Vous avec fait une Fac. Une Fac américaine, avec ses fraternités, ses codes, ses réseaux, ses danses tribales, ses bizutages et son journal trimestriel des anciens étudiants. Il est de notoriété publique, cependant, que la seule finalité est la cooptation dans les actionnariats de start-ups.

Ce que cela ne dit pas de vous : Si vous avez la moindre instruction, le moindre pouvoir, le moindre quoi que ce soit en dehors d’un joli costume et d’histoire de beuveries assomantes.

Le potentiel de subventions : Vous pouvez soutirer des sommes d’argent MONUMENTALES si vous parvenez à monter un réseau d’écrans à base d’associations culturelles, de bourses aux jeunes étudiants et de séminaires bidons. cela vous prendra sans doute au moins autant de temps que de travailler pour de vrai.

Le potentiel de respectabilité : Faible aux USA, tant il est vrai que, de Revenge of the Nerd à Futurama en passant par The Fresh Prince of Bel Air et The Social Network, tous les geeks d’hollywood exclus à l’époque de ces sectes d’alcooliques anonymes ont sapé leur image. Nul en dehors, ou les universités servent à apprendre à remplir les papiers du chômage.

I comme Institut

Ce que cela dit de vous : Vous faites de la SCIENCE. Des tableaux, des graphiques. Vous portez des blouses, intervenez dans C dans l’Air en cas de crise. Vous avez des laboratoires, sans doute pour y concocter des poisons et des mechas. Le chef est probablement mal coiffé, rit très fort et demande à se faire appeler herr Henalprobmülen. Les Instituts sont maléfiques et puissants.

Ce que cela ne dit pas de vous : Ce que vous étudiez REELLEMENT dans vos alcôves. Un institut ne fait jamais ce qui est marqué sur son fronton. Un institut de sondage fait de la comm, un institut médical fait des armes bactériologiques, un institut linguistique forme des espions, etc.

Le potentiel de subventions : Titanesque si vous arrivez à bien présenter la chose et à vous adjoindre un directeur de comm’ charismatique (Jacques Crozemarie, BHL, Alain Bauer…). D’autres organisations seront ravies de vous financer pour vous faire fabriquer des choses. A vous de les flouer.

Le potentiel de respectabilité : Très bon, si vous soignez votre image. Des chasseurs de têtes vous amèneront palotins, grimaciers et péons par milliers à la sortie des institut de désintox des écoles d’ingé. Vous pourrez conseiller les puissants, orienter la politique, noyer le poisson sous de la communication indigente et anxiogène.

K comme Klan

Ce que cela dit de vous : C’est tellement vingtième siècle ! Comme si, à l’heure de l’Identité Nationale et du revival du choc des civilisation, se rassembler entre hommes déguisés en Casper le petit fantôme et faire brûler des jardins comme le dernier des punks à chiens était subversif. Arrêtez de picoler, écrivez correctement, trouvez vous un vrai travail, vous êtes tout bonnement ringard.

Ce que cela ne dit pas de vous : La véritable raison qui a fait de vous un perdant (spoiler : a priori, si on analyse la chose froidement, ni les noirs ni les juifs, ni les latinos, ni ZOG). Je chercherais une explication dans les mariages à moins de deux degrés de parentés, perso.

Le potentiel de subventions : Nul, les seuls qui accepteront sont des Etats du Sud des USA qui croulent déjà sous les demandes d’aides de la même sorte.

Le potentiel de respectabilité : Négatif. Vous êtes habillé en fantôme, alors que ça faut beaucoup moins peur que les zombies qui courent, les momies avec des pouvoirs magiques, ce genre de trucs.

L comme Ligue

Ce que cela dit de vous : Vous êtes un mégalo, mais un mégalo viril. Les Ligues, y compris féministes, ça se castagne, ça a pas peur d’en découdre, ça rosse et ça fritte. Vous êtes une force de contact, préparez les ranjos !

Ce que cela ne dit pas de vous : Si vous avec un programme autre que celui de la défense de votre lobby. Donnez le pouvoir à une Ligue Communiste Révolutionnaire et demandez lui de régler la question des ponts et chaussées. Donnez le à une Ligue Royaliste et écoutez ses idées brillantes en matière d’indice des salaires dans la fonction publique hospitalière. Les Ligues sont efficaces, mais à courte vue.

Le potentiel de subventions : Tout dépend de votre motivation à être une nuisance. La réaction habituelle des démocraties face à une ligue et d’essayer de la transformer en association à coup de subventions. C’est vous qui voyez, mais croyez-moi, vous aurez vite fait de vous faire pousser le ventre et d’organiser la kermesse municipale.

Le potentiel de respectabilité : Proportionnel à la violence déployée lors des manifestations. Une Ligue pacifiste, ça n’attire personne. Par contre, une bande de poilus capable de tabasser les passants pour défendre les droits des Chihuahuas, ça force le respect, tout le monde voudrait pouvoir se vanter de ça une fois à l’âge des ridules.

M comme Mouvement

Ce que cela dit de vous : Bravo, vous êtes un sbire. C’est déjà bien, hein, d’être la mouvance marginale d’un truc qui aura toujours plus de moyens, de succès et d’ambition que vous. Vous évoquez les mini-réunions, le petit journal de Yann Barthès, le demi-notable du coin venu au discours et dormant au premier rang en attendant les petits fours. Aristocrate d’un jour, broyé dans la masse le lendemain. Un mouvement est destiné à être gouverné, mais pas par ses membres, c’est un pantin au main de qui trouve la ficelle.

Ce que cela ne dit pas de vous : Pourquoi votre plan est d’être le grain de beauté sur une structure qui ne fonctionne de toutes façons pas puisqu’elle tolère les mouvements ? C’est être l’angine sur la métastase.

Le potentiel de subventions : Paradoxalement, il est énorme. Les micro-structures, surtout éléctorales, font d’aimables, paisibles et peu médiatisées structures écran pour drainer de la subvention et du remboursement de campagne à qui mieux-mieux. Mais ce n’est pas vous qui en profiterez…

Le potentiel de respectabilité : si vous connaissez quelqu’un qui a un jour adhéré à France 9, le Chêne, Agir pour Colombes, Nouvel oxygène, Club 8, Changer c’est possible ou à l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth (si, si), faites moi signe.

N comme Nation

Ce que cela dit de vous : Vous, vous êtes un dur, un tatoué, voire carrément un burné. Vous êtes prêt à vous marginaliser, à foutre le feu, à tout casser pour arriver à vos fins. Vous faites peur et vous profitez de cette peur pour sembler plus gros que le boeuf.

Ce que cela ne dit pas de vous : Pourquoi, au fonds, vous pensez que ce que vous faites mérite tout ce patafoin. Sérieusement, pourquoi ne pas juste aller prendre une bonne bière ?

Le potentiel de subventions : Vous êtes à la limite du terrorisme, je dirais qu’on cherche plutôt à geler vos comptes qu’à les renflouer. Vous pouvez éventuellement espérer des pépites de quelque dictateur motivé à chatouiller les côtes médiatiques de l’occident.

Le potentiel de respectabilité : Elevé, d’autant plus que dans quinze ou vingt ans, plus personne ne se souviendra d’autre chose que de votre logo awesome et d’un ou deux boxeurs qui sympathisait. Plus vous êtes médiatiques, plus vous en rajoutez dans la provoc, plus vous aurez de fidèles. Regardez Dieudonné, vous croyez vraiment qu’il est drôle et que c’est pour ça qu’on se presse à la main d’Or ? Vous ne penseriez pas ça si vous aviez déjà pokerface devant un de ses sketches.

O comme Organisation

Ce que cela dit de vous : Ca y est, C’est la pieuvre, le Spectre, La Maggia, Luca Brasi dort avec les poissons, Trois Cavaliers s’en virent d’Espagne et tutti quanti. Vous mangez à un seul ratelier : celui du crime et de l’influence. Les graines germées, c’est vous, les ordures, c’est vous, les subprimes, c’est vous. Si les crapules dirigent le Monde, alors il est à vous.

Ce que cela ne dit pas de vous : Si vous résisterez à l’effondrement de la prochaine chaîne de Ponzi.

Le potentiel de subventions : Le chantage devrait faire couler l’argent à flot. Si ça ne passe pas, essayez les menaces, les avertissements, les mises en gardes voire, soyons réalistes ça peut arriver, les « accidents ».

Le potentiel de respectabilité : Un point rouge sur mon front m’empêche de dire autre chose que la phrase suivante prononcée de mon gré le plus plein : s’engager dans les Assurances Soprano est une excellente idée. Excellente.

P comme Parti

Ce que cela dit de vous : Ah ça, du pouvoir, vous en avez. A revendre. A se noyer dessous. Vous contrôlez tous les aspects de la vie des votres. Les rouages de l’Etat, vous les huilez avec le sang de vos séides. Bien sûr, vous finirez probablement pendu et noyé dans un accident de voiture lors d’une émeute. Et après ? Les lettres de cachet que vous aurez signé pendant ce temps en valent bien la peine.

Ce que cela ne dit pas de vous : Qui dirige votre truc. Personne ne sait jamais comment est composé votre organigramme. Le Premier Ministre ? Une marionnette de Président, lui même homme de paille du Secrétaire, manipulé par le Gardien à la solde du mystérieux Numéro 1.

Le potentiel de subventions : J’espère que vous avec un don pour les sociétés écrans et les arrangements fiscaux. Le canton de Vaud, les iles Caïman et le Sealand vous tendent les bras : transformez vos devises pourries et vos diamants trafiqués en or pur, et à vous la belle vie.

Le potentiel de respectabilité : Étrangement plus élevée chez vos ennemis fascinés par votre propagande que par vos administrés hélas obligés de se la voir infliger matin midi et soir.

Q comme rien du tout ou alors avec une faute d’orthographe, mais c’est un blog sérieux ici, pitre.

Suite et fin demain.

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5 techniques de Macro-management : un employé gavé est un employé productif.

Bon, j’apprends ce matin même que des cadres se suicident chez les agitateurs de culture Il semble évident que dans ce monde de décadence morale due à la spéculation du truc-machin -des histoires de gros sous, vous ne comprendriez pas-, l’humain est méprisé à un point tel que la seule méthode d’encadrement envisagée par les R.H tienne en deux points :
1) La peur
2) L’infantilisation (tendance enfance battue).
A une heure ou les politique n’ont que la prodictivité durable à la bouche (en fait non : ils n’ont que les doigts d’honneurs des députés et le décompte des babouches dans les prières de rues, mais c’est pour illustrer mon propos), il convient de rappeller cette vérité première que même le proto-nazi Ford avait bien compris : un salarié moins malheureux à toute les chances de moins se suicider, voire même d’être très vaguement interssé par ce qu’il est en train de faire. La peur et l’infanti-humiliation ne conduisant qu’au suicide et à un turnover rapide de personnel incompétent n’a qu’un seul intérêt détaillé probablement en note de bas d’article*, voyons rapidement comment, dans cette purée libérale, nous pouvons parvenir à des solutions d’encadrement qui rendent le salarié heureux de venir au travail, voire, même, pourquoi pas, heureux de travailler.
Toutes ces méthodes s’inspirent librement du gavage des oies et de la gestion des mécontentements sous l’Empire Romain.

1) Le Food-Management

Offrez de la bouffe aux encadrés. Tout le temps. Du sucre, de préférence, ou des galettes de riz/des graines de tournesol, pour les diabétiques/obèses/hippies. La nourriture, ça empêche de penser. Penser rend malheureux. La perspective de recevoir une bonne dose de galette de riz (c’est presque aussi addictif que le sucre) à la prochaine réunion de travail, voilà qui motive son homme à marcher d’un bon pas le matin. Toute bonne action mérite un croissant. Toute action négative mérite un panais.
Phrase magique : « comme nos résultats sont en baisse, la direction a du remplacer le café gourmand quotidien par du brouet ». Demandez vous ce qui fidélisera le plus le salarié avec son environnement de travail. La crème brûlée (même leader-price, même pas cher, même tiède, c’est le côté addictif du sucre/sel qui compte), ou la menace d’un licenciement et de hurlements.

2) Le Flibuste-Management

Cet homme (femme ?) méprisable porte une mulette, mais ne nous focalisons pas là-dessus, retenons surtout qu’il est malheureux au travail. Les entreprises sont assurées contre le vol, ne l’oublions jamais. Plutôt que de surfliquer des employés malingres parce qu’ils emportent par devers eux leur lot de trombones au domicile branlant de leur vie médiocre, organisez la fraude. Agréez tacitement avec la direction sur une somme annuelle dévouée au pillage discret de l’armoire à fourniture (voire des rayonnages), et, sans faire savoir à vos employés que c’est un plan organisé, laissez-leur entendre que prendre un stylo par jour, ce n’est pas grave, et que se mettre sous le manteau tel ou tel produit périmé la veille et destiné à la poubelle n’est un crime que si on s’y penche de trop près. Usez de la complicité des vigiles pour ne pas harceler le petit personnel. La diminution de la quantité de choses jetées sans raison et la baisse de la vraie fraude (pas besoin de la pratiquer quand on ne risque rien à piller légalement), associée à la hausse du BEB (Bonheur des Employés Brut) devrait complètement compenser les deniers investis.

3 – Le random-management

Faites n’importe quoi, sans raison -mais jamais rien de méchant- en laissant traîner les objectifs réels à portée d’yeux. En pratique, abandonnez complètement tous les employés à eux mêmes pendant que vous faites ledit n’importe quoi (rangement aléatoire de rayons, programmation de réunions sans y inviter personne, séminaires sur des sujets sans rapport avec votre domaine…). Le bonheur d’avoir la paix, couplé à l’impression que pour que tout continue comme ça, il faut que rien ne change -et donc ne pas attirer l’attention- tout le monde essayera d’accomplir les objectifs souhaités.

4) Le No-Management

Variante plus stoïque du précédent. Ne faites rien, ne dites rien, n’agissez que quand vous êtes forcé. Laissez la boîte tourner en n’expédiant que les affaires courantes. Pourquoi pas ? La Belgique fonctionne depuis un an comme ça. Le changement peut tout autant apporter la croissance que l’échec. Dans la plupart des cas, tout fonctionne très bien tout seul si tout le monde fait le minimum vital. De toutes façons, on va tous crever en 2019. Si tout commence à aller mal pour une raison x ou y (un retournement du marché dans votre branche d’activité étant le plus probable, mais rassurez vous, ça arrive moins souvent qu’on veut vos le faire croire), utilisez brièvement une des autres méthodes jusqu’à ce que ça se tasse. Si ça ne se tasse pas, dans le cas improbable ou on vous mettrait en cause, dites que vos employés font du travail formidable, que vous avez fait votre possible mais que « la direction manquait de statégie prospective, ce qui nous a paralysé ». Insistez sur le fait que « votre branche n’a jamais fait de remous », et serrez les fesses, ça passe ou ça casse, mais soyons raisonnables: dans la plupart des cas, le marché aura complètement eu le temps de se re-retourner.

5) Le Heel/Face Turn Management

Agissez de manière horrible pendant un moment, comme si vous étiez un mélange de Galactus et de Morgoth. Quand vous sentez que ça c ommence à sentir la déprime ultime, devenez progerssivement de plus en plus gentil, et ajoutez petit à petit certaines pratiques issues des méthodes précédentes. Tout le monde aime Végéta parce qu’il est devenu gentil, pas parce qu’il voulait détruire la Terre. Soyez le Végéta des open space. Attendez que l’érosion naturelle de la force de travail (mutations, démissions, promotions, décès…) ait suffisament changé votre équipe et recommencez. Tout le monde sera constamment heureux des progrès que vous manifestez pour que le management de l’entreprise devienne plus humain chaque jour.

Le Hooker-Management a été coupé au montage, mais c’est parce qu’il faut d’abord que je prépare les esprits en expliquant pourquoi je pense qu’il est absolument vital de procéder à la nationalisation de la prostitution.

* On pense à tort qu’on peut faire faire n’importe quoi à des salariés précaires et à des stagiaires. C’est vraiment, mais alors vraiment sous-estimer la capacité de l’individu moyen à se dire que, bon boulot ou pas, ça aura une influence sur son embauche finale.