Mandira Filozofy (2014) : Pagnolade Turque, Google, et Philosophie pour les Nuls

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Comment ne pas aimer un film qui a gereken 3 filmen biri ???

Ah ben ça fait des plombes que je vous ai pas causé cinéma. Comme c’est le NaNoWriMo, c’est une bonne occasion de faire d’autres trucs que le NaNoWriMo. Causons donc d’un film turc, un peu.

Pour moi, le cinéma turc, c’est avant tout ça :

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Mais je sais que c’est aussi un pays qui a une riche et foisonnante production intérieure moderne, parfois fauchée, mais souvent respectable. Alors des fois, par hasard, tu lances un truc au hasard et c’est un film totalement moderne, fauché mais respectable.

Tourné par Mufti Can Sacinty (meilleur nom de gourou de tous les temps); un genre de demi-célébrité locale qui s’est d’ailleurs filé le rôle titre, adaptant semple-t-il une série de sketchs télévisuels et accompagné d’une floppée d’acteurs avec des blazes rigolos comme Bozkurt ou Bulut, Mandira Filozofu a un postulat simplissime : Un gros-riche-pressé-grognon-capitaine d’industrie veut racheter un petit village pour faire genre un golf ou une plage privée, enfin les trucs méchants de méchants de films habituel. Sachant bien sûr que le village en question est une inévitable carte postale pour la beauté des criques anatoliennes, c’est beau, il y a du soleil, du bouzouki et la vie est paisible.
Le gros riche tombe cependant sur un os : Mustafa Ali, un excentrique local qui a décidé suite à des études à l’étranger de devenir une sorte de Diogène sur son bout de terrain, refuse de vendre. Parce qu’il est contre le travail, contre l’argent, et préfère cultiver vaguement son lopin en lisant des livres de philosophie. La belle vie.
S’engage alors une sorte de duel rhétorique entre l’homme pressé et le philosophe, qui va tendre tout le film vers une inévitable conclusion : ça sert à rien de bosser comme un dingue si c’est pour mourir comme un con sans en avoir profité.  Ce n’est pas tant le voyage qui est intéressant que le dispositif mis en place (entrecoupé de gags pas drôles sur la vie du village) : Mandira Filozofu est une heure et demie de cours de philosophie pour les nuls.

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Oh, pas un cours de philo de très haut vol, hein. Juste votre « Maïeutique 101 avec le professeur Socrate », le bon vieux truc du « un idiot pose des concepts, le philosophe lui répond de manière intelligente, la discussion avance, et pouf ça fait des chocapics ». Mais tout au long du film, qui mêle des concepts variés de philosophie grecque, orientale, islamique, occidentale sans jamais rentrer dans des trucs bourrins ou incompréhensibles, le spectateur se retrouve face à la leçon d’introduction à la philo qui manque à bien des lycéens.

Et c’est assez cool, quand même.

ifonu

Alors heu, oui, le film est quand même pas sans défaut. Le cinéma turc étant sans doute moins bien financé que le cinéma de chez nous (pas forcément pour un meilleur résultat, notez), les placements de produits atteignent des sommets complètement surréalistes, avec le merveilleux triangle Facebook-Google-Iphone, à peu près cité dans l’ensemble des scènes du films au moins une fois. C’est même pas un truc un minimum discret ni rien, juste les personnages qui se balancent un « hey Facebook c’est cool » sans rapport direct avec ce qu’ils étaient en train de dire. J’avais quasiment jamais vu ça à ce point, sauf sur les chaînes de Berlusconi, je pense.

Sinon, y’a pas mal d’acteurs qui jouent comme des patates, toutes les scènes qui servent de filler à l’intrigue principale étant généralement assez balourdes, pas très drôles, et baignent dans une sorte de machisme étrange dont j’ai un peu de mal à mesurer la portée culturelle. (enfin voilà, la gent féminine est assez maltraitée, sauf les grosses mamas rigolotes pour lesquelles le réal semble avoir une sorte d’amour étrange). C’est presque dommage d’en avoir fait un film d’une heure quarante plutôt qu’un truc plus ramassé avec plus de philo et moins de villageois débiles.

Mandira Filozofu semble avoir été un succès outre Corne d’Or, puisque cette année est sorti une suite, Mandira Filozofu Istanbul, dont vous imaginez bien le pitch à la Un Indien dans la Ville rencontre Cheech&Chong.

Mandira Filozofu Istanbul

Alors, évidemment, Ni le film, ni sa suite n’ont aucune forme de distribution légale chez nous, donc je n’ai, cela va de soi pas vu Mandira Filozofu.

Merci à la Cinémathèque Turque du Loir-et-Cher d’avoir heu… oui bon bref.